Lettre d'un père à son fils
- Hakim7
- 29 nov. 2018
- 3 min de lecture
Cher fils,
Ce n'est pas de gaieté de coeur que je t'adresse ces mots, car j'ai beau lutter pour ne pas en arriver là, mais aujourd'hui, j'ai rendu les armes comme un soldat qui assiste, avec impuissance, à la défaite de son armée.
Je suis un soixandisard, pas besoin de te dire que je vivais, à cette époque, dans une Haïti en plein envol. Le pays était beau, le pays était tranquille, prospère et c'était la Perle des Antilles, du moins ce que j'ai pu voir de mes propres yeux.
Mais 1986, a tout chamboulé. S'il est bien vrai qu'on a déboulonné la dictature, mais il est aussi vrai qu'on a déboulonné nos coutumes, notre éducation, notre culture, notre nationalisme, l'autorité de l'Etat, notre goùt du beau, la recherche de l'excellence, le respect mutuel, notre humanité et le vivre ensemble. L'haitien est aujourd'hui un loup pour l'autre. Il tue et brûle pour un oui ou pour un non, met le feu quand ça lui chante, et déchouque pour le plaisir et pour le risque, sans ressentir le moindre remord.
Plusieurs décennies ont passé depuis qu'il a dépassé toutes les bornes et qu'il s'est révélé, aujourd'hui, un obstacle à son propre développement.
Après 1986, il y a eu 1991, 2004, 2008 et 2018. Deux occupations en l'espace de 14 ans. Pire encore, les gangs pullulent, sous la coupe réglée de nos leaders, ils nous rendent la vie dure et sont armés par ceux-là même qui ont juré de servir ce pays. Des élus l'ont fait pour protéger leurs intérêts, pour assurer leurs mandats et maintenant, ces armes de guerre se sont retournées contre nous, contre les gardiens de l'ordre, contre nos parents, contre nos enfants et contre nos amis que nous aimons, mais que nous voyons partir tout jeunes, tout beaux.
Aujourdhui, Haiti a plus de gangsters que de policiers. La société les (gangsters) protège et la presse locale se fend d'apologie de leurs menées subvsersives et de leurs crimes. Elle (l'a presse) jubile et savoure chaque percée terroriste, chaque acte de barbarie et chaque pas vas vers notre descente aux enfers. C'est triste! L'immoralité n'est plus à proscrire, elle s'est même invitée à nos salons et à nos chambres à coucher. Les enfants ne sont plus protégés dans ce pays où la malice, le vice et la corruption sont des vertus. Nous sommes foutus, mon fils et je ne pense pas qu'on puisse y remédier un jour, car la gangrène politique a déjà tout détruit sur sa route. Aujourd'hui, il ne nous reste que des mots pour condamner l'inacceptable.
Cher fils, l'avenir est déjà hypothéqué et la misère t'attend au fond du tunnel, sans pitié et sans état d'áme et s'il est un conseil que je peux te donner et s'il est une route que je veux que tu prennes, c'est de refuser le chemin que j'avais pris, c'est d'abandonner le rêve que je m'étais fixé. Avec amertume, mais aussi armé de courage et de bon sens je te conseille de fuir, de fuir la misère, les crises interminables, la corruption faite loi, l'immoralité, l'emprise des gangs armés et l'enfer. Ce pays est devenu un enfer pour ses fils, un enfer pour toi, mon fils.
Des politicards (revanchards) écervelés nous ont pris en otage, les écoles ne fonctionnent pas, les rues sont barricadées et la vie s'arrête quand bandits armés et politicards, mis ensemble le veulent. La mort n'a jamais été aussi proche: dans nos quartiers, à chaque coin de rue. Pars loin et n'en reviens pas. Quitte cet enfer, fuis ces discours violents qui stressent et les baves violentes qui poussent à brûler vif nos frères policiers . Quitte cette terre maudite que nos Héros auront du mal à reconnaître, quitte Haiti si tu veux vivre et quitte Haïti si tu veux que tes enfants puissent vivre tranquillement, aller à l'école en toute sérénité.
Pars loin et ne reviens plus. Il n'y a plus de place pour toi aux côtés de ces énergumènes qui planifient, à gorge déployée, l'échec de toute une République. Quitte cette terre maudite devenue un grand cimetière pour les policiers et pour tous ceux qui souhaitent vivre dans la tranquillité. Quitte Haiti, mon fils et tu vivras longtemps et heureux.
Ton papa qui t'aime
(Auteur inconnu)
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